jeudi 22 novembre 2012

Monastère et vie paroissiale

On trouve sur le site Nos Racines le numéro-souvenir du bulletin mensuel Le Foyer du Christ-Roi, consacré à l'ouverture du nouveau monastère des Pères du Saint-Sacrement à Shawinigan en 1947. On y présente notamment un historique avec photos des dix premières années de cette paroisse ouvrière de la haute-ville de Shawinigan qui s'est développée à côté de l'aluminerie Alcan. Une partie des terres sur lesquelles le Christ-Roi a été construit appartenaient à mon arrière-grand-père maternel Adélard Lavergne (voir La maison Adélard Lavergne sur ce blog).


C'est une source d'informations unique sur ce milieu de vie : écoles, caisse populaire, L.O.C, J.O.C., Ligue des citoyens, chorales, garde paroissiale, scouts, Cercle Lacordaire, etc. En 1947, à Shawinigan comme ailleurs au Québec, toutes les activités communautaires étaient structurées en fonction du territoire des paroisses religieuses, et plus ou moins supervisées par des religieux ou prêtres aumôniers. 

On ne manquait pas de prêtres au Christ-Roi. La paroisse était desservie par les Pères du Saint-Sacrement et leur monastère abritait six ou sept Pères et autant de Frères. Je crois qu'ils souhaitaient même en avoir davantage, comme le montrent les dimensions du monastère nouvellement construit. Mais la baisse de la pratique religieuse et le manque de vocations sont venus contrecarrer leurs projets. Aujourd'hui, la paroisse n'existe plus et l'église a été démolie, remplacée par un Jean-Coutu. Le monastère est devenu une résidence pour personnes âgées.

Le monastère, dont on voit l'arrière sur la photo suivante, était donc beaucoup trop vaste pour une communauté d'une quinzaine de religieux. Ses locaux pouvaient servir aux organismes communautaires. Il a aussi logé la Caisse populaire du Christ-Roi. À l'arrière, il y avait un immense balcon où les Pères se promenaient tout en lisant leur bréviaire. Ils avaient une vue imprenable sur les cheminées de l'aluminerie Alcan, située en face de l'autre côté du boulevard Saint-Sacrement.



Le milieu était particulièrement fertile. Jusqu'à la débandade de la fin des années 1960, la plupart des résidents du quartier étaient membres d'une ou de plusieurs organisations paroissiales. Ainsi, ma mère était bénévole à la Saint-Vincent-de-Paul et mon père chantait dans la chorale. Les deux étaient membres de la Ligue ouvrière catholique (L.O.C.). J'ai aussi été embrigadé dans cette nébuleuse paroissiale, au sein des enfants de choeur et du mouvement scout.


À la fin du bulletin, la liste des annonceurs donne un aperçu du secteur commercial en 1947. Ceux qui ont vécu dans le quartier reconnaîtront certains de ces commerces qui logeaient, pour la plupart, sur la rue Frigon, l'artère commerciale du Christ-Roi. On y trouvait, notamment, le 5-10-15 de Bruno Boisvert, un commerce de nouveautés à bon marché que l'on appelait communément le 15 cennes. Les 5-10-15 étaient les ancêtres des magasins à un dollar d'aujourd'hui, sauf que les produits étaient généralement Made in Canada ou bien in USA.

L'infatigable J-Armand Foucher, propriétaire du garage Foucher Auto "En face de l'Aluminium" avait la réputation de vendre l'essence la moins chère de la région. Il avait aussi une imprimerie qui produisait des journaux hebdomadaires, notamment Les Chute de Shawinigan dont j'ai déjà cité des articles sur ce blog. Ses journaux lui permettaient d'annoncer son garage et de faire un peu de politique. Il a aussi été maire de Shawinigan.

En 1947, Arthur Riquier avait déjà un entrepôt de fruits et légumes sur la rue Champlain. Je crois qu'il y est encore, 65 ans plus tard. Non loin de là, le magasin de Meubles Bernard Limoges (200 Frigon) est demeuré ouvert pendant plusieurs décennies.

Sauf exception, les commerces tenus par une femme mariée affichaient le nom du mari, tandis que les demoiselles pouvaient afficher leur propre nom. Leurs commerces ne s'adressaient qu'aux femmes : 
  • Madame J.B. Gingras, marchandises à la verge (403 Frigon).
  • Madame Victor Hamel, magasin de coupons (613 Frigon).
  • Salon Marguerite, chapeaux de choix (232 Frigon).
  • Madame Rose Carbonneau, experte corsetière (689 Saint-Marc).
J'ai trouvé quelques commerces tenus par des gens de ma parenté :
  • Elphège Boisvert, viande fumée et poisson frais (363a Giguère).
  • Dr L. Lavergne, chirurgien-dentiste (124 Champlain).
  • Pharmacie Lavergne (386 Frigon).

Voir aussi sur ce blog : Le Lac McLaren

2 commentaires:

Andre a dit…

Vous connaissez le Sanctuaire du St-Sacrement sur la rue Mont--Royal à Montréal, à deux pas de la Station Mont-Royal (Metro)? L'architecte qui a conçu les plans pour Shawi, s'est probablement inspiré du Sanctuaire montréalais. J'y ai toujours vu une ressemblance.

http://www.arrondissement.com/tout-get-document/u1720-sanctuaire-saint-sacrement

Alain Saintonge a dit…

Je ne connaissais pas le Sanctuaire. L'architecte du monastère de Shawinigan était Philippe Côté de Québec. Les demandes des Pères l'ont peut-être amené à dessiner un édifice qui rappelle leur sanctuaire de Montréal.

Les édifices religieux étaient souvent assez semblables. Par exemple, le collège Saint-Sacrement de la paroisse Christ-Roi de Shawinigan est une réplique miniature de l'école du même nom à Trois-Rivières.

Le collège du Christ-Roi était dirigé par les F.I.C., mais je crois qu'il avait été construit par les Pères en 1939.